Le succès des crypto-monnaies ont permis à de nombreux particuliers et investisseurs de gagner de l’argent… ou d’en perdre. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a d’ailleurs récemment indiqué que les pertes liées aux actifs virtuels comme le Bitcoin ont fortement augmenté depuis janvier 2018, atteignant plus de 9 millions d’euros en France.
9 millions d’euros de pertes liées aux crypto-actifs depuis janvier 2018
Depuis de nombreux mois, les autorités financières telles que l’AMF mettent en garde contre l’effervescence des crypto-monnaies, dont le célèbre Bitcoin, en rappelant qu’un actif à très fort rendement implique nécessairement un risque élevé. « Aucune société sérieuse ne peut garantir un rendement minimum avec un investissement dans “les crypto-monnaies” ou les “crypto-actifs” », affirme Robert Ophèle, président de l’Autorité des marchés financiers.
En France, les pertes liées aux investissements dans les crypto-actifs s’élèvent à près de 9 millions d’euros depuis le début de l’année 2018, a déclaré l’AMF dans un communiqué. Mais cela n’est pas uniquement dû à leur forte volatilité : de nombreuses fausses plateformes d’intermédiation sont apparues et profitent du manque de régulation pour extorquer de l’argent aux internautes. Ainsi, sur les 4.000 demandes traitées par le centre Epargne Info-Services, 700 concernent ces actifs virtuels très spéculatifs, avec près de 250 réclamations faisant état d’escroqueries. Les demandes impliquant les crypto-actifs sont en hausse et les pertes s’élèvent en moyenne à 50.000 euros.
Comment repérer les plateformes illégales ? L’Autorité des marchés financiers admet que l’exercice peut être difficile. Certains signes doivent toutefois alerter : l’absence de mentions légales sur un site (qui se trouve généralement tout en bas de la page d’accueil), la localisation d’un siège en dehors de France ou encore des coordonnées bancaires difficilement identifiables. En cas de doute, l’AMF recommande aux investisseurs de se rapprocher de ses services pour éviter toute mauvaise surprise.
Les crypto-monnaies dans le viseur des autorités belges et américaines
Le président de l’AMF s’est réjoui des nouveaux pouvoirs introduits par la réglementation européenne MiFID II, qui permettent d’interdire temporairement la commercialisation de produits financiers dangereux. Toutefois, il souligne que les crypto-actifs sont en perpétuelle évolution, on peut donc s’attendre à ce que la législation soit rapidement dépassée sur certains sujets.
Le régulateur français n’est pas le seul à craindre les effets liés à l’investissement dans les crypto-monnaies : les régulateurs américains soupçonnent de possibles manipulations du cours du Bitcoin. Par conséquent, le département américain de la Justice, en collaboration avec la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), l’autorité de régulation des marchés à terme et des produits dérivés, a annoncé l’ouverture d’une enquête criminelle. Selon les premiers éléments de l’enquête, des traders se seraient livrés à des pratiques de « spoofing » pour faire fluctuer le prix du Bitcoin. Cette technique s’apparente à une manipulation boursière qui consiste à placer des titres à la vente ou à l’achat avant d’annuler l’ordre avant son exécution, ce qui provoque un mouvement artificiel du prix. L’absence de régulation encadrant les crypto-monnaies devrait compliquer la tâche des régulateurs américains qui souhaitent mettre fin à cette pratique au plus vite.
La FSMA, le gendarme des marchés belge, met également le public en garde contre l’arrivée de nouvelles plateformes frauduleuses proposant l’investissement dans les crypto-monnaies. L’institution a reçu de nombreuses plaintes de consommateurs qui y ont investi et se plaignent de ne jamais récupérer les fonds investis ou de rester sans nouvelle de la société auprès de laquelle ils ont déposé leur argent. Tout comme l’AMF, la FSMA tient une liste des plateformes de trading suspectées de fraude et pour lesquelles elle a reçu des plaintes.
Alors que de plus en plus de pays reconnaissent les crypto-monnaies, le régulateur français souhaite imposer un cadre strict autour de ces produits. La dirigeante du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, s’était exprimée sur le sujet il y a quelques semaines, indiquant la nécessité d’agir le plus rapidement possible pour encadrer l’utilisation des crypto-monnaies : « Nous devons glisser vers une régulation basée sur les activités. Oublions les entités, intéressons-nous aux activités elles-mêmes : qui fait quoi, qui a l’autorisation de faire quoi, qui est régulé et supervisé comme il le faut ».