Les particuliers continuent de profiter des taux d’intérêts historiquement bas, principalement pour investir dans l’immobilier résidentiel. Résultat : les encours de crédits immobiliers ont rarement été aussi élevés… Faut-il s’alarmer de cette situation ?
Les taux d’intérêt historiquement bas stimulent les demandes de crédits immobiliers
Les encours des crédits immobiliers résidentiels (c’est-à-dire le montant des emprunts qui reste à rembourser) en France ont augmenté de +16% entre 2012 et 2017, pour atteindre aujourd’hui près de 984 milliards d’euros. Il s’agit d’un des niveaux les plus élevés en Europe : les encours français représentent 15% du total des encours des pays de l’Union Européenne, ce qui place la France en troisième position derrière le Royaume-Uni (env. 20% avec 1 360 milliards€) et l’Allemagne (env. 18% avec 1 175 milliards€). Mais en termes de croissance, la France connait une progression plus importante : +6% sur l’année 2017, contre +4 pour ses voisins britanniques et allemands.
Comment expliquer que les français contractent toujours plus de crédits pour leurs investissements immobiliers ?
La raison principale est qu’ils continuent de bénéficier de taux d’intérêts très attractifs. Selon l’Observatoire Crédit Logement / CSA, ce taux serait en moyenne, toutes durées confondues, de 1,47% (contre 1,83 % en Allemagne, 1,92 % en Espagne, 2,05 % au Royaume-Uni et 2,42 % aux Pays-Bas). Un emprunteur français peut ainsi espérer décrocher un crédit à en moyenne 1,41 % sur 15 ans, 1,63 % sur 20 ans et 1,83 % sur 25 ans. En effet, la concurrence entre les banques est globalement plus forte que dans les autres pays et le crédit immobilier est davantage présenté comme un produit d’appel.
Un niveau d’endettement raisonnable en France
Malgré cette montée des crédits immobiliers, les épargnants français restent relativement peu endettés. En effet, l’encours moyen par ménage propriétaire est de 51 691 euros en France contre plus de 74.000 euros au Royaume-Uni et 56.000 euros en Allemagne. Ces encours correspondent à 67 % du revenu disponible brut des ménages français et 13 % de leur patrimoine non financier, un ratio inférieur à la moyenne européenne qui s’établit à 17 %.
Mais les ménages français restent toutefois plus endettés que les emprunteurs du Sud de l’Europe (Chypre, Espagne, Grèce, Italie, Malte, Portugal), où l’encours moyen s’élève à 26.900 euros, soit 35 % de moins que la moyenne européenne. Ce chiffre est en partie lié aux conséquences de la dernière crise économique. L’Europe de l’Est (Bulgarie, Estonie, Croatie, Lettonie, Hongrie, Lituanie, République Tchèque, Pologne, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) ne représente que 4 % des encours de crédits immobiliers pour 20 % de la population européenne. Les prix y sont également inférieurs.