Dans le cadre de la mise à jour de notre comparatif des offres de gestion sous mandat d’assurance-vie, nous avons sollicité la plupart des acteurs du secteur afin d’obtenir un maximum d’informations sur leur gestion. Et là… nous nous sommes vus gentiment reconduire vers la sortie ! « Désolé nous ne souhaitons pas communiquer sur le risque de nos portefeuilles… ». Ainsi de nombreux acteurs sur le marché affichent des rendements alléchants de leur gestion sous mandat mais sans aucune mesure du risque pris. Un peu surpris par ce manque de transparence, nous avons décidé de saisir l’ACPR…
Le rendement comme seul argument de vente !
Premier constat lors de notre recherche d’informations destinée à construire notre étude comparative : chaque distributeur/gérant dispose de sa propre nomenclature concernant les profils de risques. Certains présenteront 4-5 profils de gestion baptisés « prudent », « équilibré » ou encore « dynamique », d’autres des profils de 1 à 10.
Les plus transparents affichent les performances par profil sur dates variables (graphique dynamique la plupart du temps) ainsi que des indicateurs de risques et des informations sur la composition des portefeuilles types.
Cependant la plupart se contentent d’afficher un rendement sans aucun indicateur de risque ou d’évolution historique détaillée ! Il existe même des distributeurs ne publiant même pas leurs performances historiques… vous pourrez donc souscrire à un mandat de gestion sans aucune information préalable !
Nous rappelons que le risque est une composante clé de la performance d’un gérant. En effet, faire 10% de rendement avec une volatilité de 40% ne peut décemment être considéré comme une bonne performance !
Un contrôle prudentiel important mais qui faillit sur certains points clés
Si le contrôle prudentiel assuré par l’ACPR peut s’avérer très lourd pour les assureurs et autres gérants dépendants de cette autorité (notamment les gérants d’enveloppe d’assurance-vie), il faut constater que le contrôle de la communication relative à la gestion sous mandat d’assurance-vie reste laxiste. En effet, aucune obligation de publier des indicateurs de risque par profil et aucune obligation de publier des informations détaillées sur les frais indirects perçus (rétrocessions sur OPCVM notamment).
Ainsi nous recommandons, à minima, de récupérer la volatilité historique du profil de gestion souhaité et de calculer le ratio de Sharpe ( [rendement – rendement sans risque]/volatilité ) qui permet d’apprécier le sur-rendement généré par une prise de risque plus importante. Si ce ratio est supérieur à 1, alors on peut considérer la prise de risque comme « profitable ». Naturellement, le niveau de prise de risque dépend d’autres facteurs comme la situation de l’épargnant, son âge et ses projets notamment.
Vous pourrez découvrir des analyses de ce type sur le comparatif des performances de Wesave et Yomoni notamment !
La réticence des gérants à fournir leurs statisitiques
Désireux de présenter une information complète sur la gestion sous-mandat, nous avons décidé de contacter la plupart des acteurs afin d’obtenir plus d’informations et d’éditer un véritable comparatif non seulement basé sur le rendement et les frais directs du contrat.
Nous nous sommes heurtés à la réticence marquée de nombreux acteurs à fournir ces informations (voire même les rendements pour certains !!). Difficile dans ces conditions de vous offrir une information de qualité !
Une saisie de l’ACPR en vain
Fort de ce constat, nos avons décidé de saisir l’ACPR afin de savoir s’il était possible de contraindre les gérants à diffuser leurs données dans l’optique d’offrir aux investisseurs particuliers une information plus complète.
Il semble alors que l’ACPR privilégie la stabilité du système, quitte à promouvoir des produits peu transparents (i.e. euro-croissance) et favoriser la rente des acteurs en place, plutôt que la protection et la bonne performance de l’épargne de l’investisseur non professionnel… qui est en grande majorité placée sur des contrats d’assurance-vie peu performants !
Nous trouvons cela dommage aussi bien pour la bonne information des investisseurs et épargnants que pour l’ensemble du secteur de la gestion d’actifs souvent critiqué pour son manque de transparence !
Nous pensons que certaines données clés devraient être clairement divulguées et notamment :
- Le rendement avec détail de la période et mode de calcul
- Volatilité historique sur une base journalière
- Max Drawdown annuel (perte maximale supportée par un investisseur s’il était entré au plus haut et sorti au plus bas de l’année)
- Affichage clairs des frais directs et indirects (comme stipulé dans la position de l’AMF concernant les mandats sous gestion relevant de sa compétence)
- Information sur les éventuelles rétrocommissions perçues par le distributeur et/ou le gérant
Quelques bons élèves à saluer !
Il est important de souligner que certains acteurs n’ont pas attendu d’être contraints pour nous transmettre leurs données de gestion et cela mérite d’être salué !
Ainsi les deux gérants de nouvelle génération (robo-advisors) WeSave et Yomoni nous fournissent régulièrement des statistiques détaillées de leurs différents profils.
Par ailleurs, Altaprofits et Linxea, acteurs de l’assurance-vie en ligne ont également joué le jeu ! Nous proposerons des revues détaillés de leurs performances prochainement !