Alors que la crise du coronavirus a violemment secoué les marchés, entraînant l’inquiétude de nombreux particuliers, certains escrocs comptent en profiter. En promettant un rendement élevé sur des placements bien souvent atypiques, ils deviennent injoignables quand il s’agit de récupérer son argent. Certains en font même la promotion sur les réseaux sociaux. On vous explique comment déceler ces arnaques avant qu’il ne soit trop tard.
En temps de crise, et si vous investissiez dans un placement sûr ? Sur internet, une floraison d’investissement en tout genre vous attend. C’est le moment de placer vos économies dans les diamants : leur prix ne peut pas baisser, 10% par an garanti ! Ou alors, si l’âme d’un trader sommeille en vous, lancez-vous dans les crypromonnaies, l’argent du futur, qui vous rapportera en quelques semaines un rendement à deux chiffres… Ou peut-être préférez-vous investir dans l’environnement avec de superbes vaches laitières qui vous rapporteront 6% par an ? C’est mieux que le Livret A !
Tout cela vous paraît suspect ? Pourtant, ce sont des exemples réels. Si on pourrait penser que les escroqueries et autres pyramides de Ponzi allaient disparaître avec le temps, il n’en est rien. En profitant de la naïveté des internautes et en faisant leur publicité sur les réseaux sociaux, une nouvelle génération d’escrocs a vu le jour. Ainsi, l’AMF a récemment révélé des chiffres édifiants : entre juillet 2017 et juin 2019, les épargnants victimes de ces escroqueries ont perdu en tout 1 milliard d’euros ! Et encore, cela n’est pas près de s’arrêter, car l’épidémie de coronavirus n’a fait que multiplier l’apparition de ces arnaques.
Des placements « atypiques » qui rapportent
Plus c’est original, mieux ça passe, comme le prouve cette arnaque à la vache laitière. Révélée en 2019, l’escroquerie continue de proliférer en 2020, faisant perdre en moyenne plus de 14 500 euros aux victimes. Croyant faire un placement atypique, les épargnants ne retrouvent en fait jamais leur argent… Des bitcoins, des diamants, du vin, des œuvres d’art, ou encore des manuscrits, les arnaqueurs font aujourd’hui preuve d’une imagination débordante. Ils présentent ainsi un marché « en pleine expansion », ce qui promet des gains mirobolants sans effort.
L’arnaque au diamant est, par exemple, l’une des plus répandues : des sociétés promettent un rendement de 10 ou 20 % pour ce brillant placement… Sauf que rien ne le garantit, car, peu de gens le savent, mais le marché du diamant est très particulier : déjà, il n’est pas réglementé. C’est pour cela que vous ne pouvez pas visualiser le cours du diamant sur internet ! De plus, très peu de sociétés en vendent. C’est pourquoi ces sites d’arnaques vendent de faux diamants… quand ils en vendent tout court. Il en est de même pour les fameux manuscrits anciens, qui ne peuvent pas rapporter 8% puisqu’ils ne sont pas côtés… La majorité des victimes de toutes ces arnaques sont, selon l’AMF, des seniors qui ne savent pas où placer leurs économies. Ainsi, 64 % des sommes ont été perdues par des épargnants de plus de 60 ans. Mais comment font ces escrocs pour réussir à tromper notre vigilance ?
Des escrocs aux mécaniques bien rodées
Ces escrocs organisent en général toutes les démarches en ligne, sur des sites internet au visuel très pro, puis par téléphone avec des faux-conseillers sur un numéro français. Il n’y a jamais de rencontre physique. Ces experts de la manipulation demandent généralement d’investir une petite somme pour commencer, puis, lorsque les premiers « gains » arriveront, encouragent les victimes à continuer les versements. Souvent, les informations personnelles des victimes sont revendues à d’autres escrocs, qui harcèlent ensuite celles-ci pour qu’elles « investissent » également chez eux… multipliant les possibles arnaques.
Au final, les victimes, parfois ruinées, ne reverront jamais leur argent et les escrocs disparaîtront dès qu’elles souhaiteront récupérer les sommes investies – après leur avoir fait payer des frais de retrait. Mais dès le premier virement fait, il est déjà trop tard et ce sera quasiment impossible de récupérer l’argent. Les fonds sont envoyés sur des comptes bancaires de pays proches de la France, puis sont rapidement de nouveau transférés vers d’autres pays moins coopératifs sur le plan judiciaire.
L’arnaque à la pyramide de Ponzi toujours en vogue
Si on vous promet un rendement annuel garanti de 6 voir 8% simplement en « recrutant » de nouveaux membres… Vous faites sûrement face à une pyramide de Ponzi. Si ce système pyramidal inventé en 1920 est toujours d’actualité cent ans après sa création, c’est qu’il est chaque année réinventé et remis au goût du jour par les escrocs. Le schéma reste globalement le même : l’argent des nouveaux arrivants « finance » les intérêts de ceux avant eux. Ainsi, mécaniquement, les créateurs au sommet de la pyramide s’en mettent plein les poches, les suivants peuvent espérer gagner s’il y a assez de nouveaux entrants, et les derniers sont les perdants.
Il faut en effet savoir qu’une pyramide de Ponzi n’est pas viable : elle finit toujours par s’effondrer, et les derniers à avoir payé ne retrouveront jamais leur mise puisqu’il n’y aura plus personne après eux. Par définition, une pyramide de Ponzi ne repose sur aucun produit. Mais de nouveaux systèmes s’en inspirent, comme le MLM (marketing de réseau), qui n’est pas illégal. Sur ce principe, les clients deviennent vendeurs des produits contre rémunération. C’est comme ça que sont nées les réunions Tupperware. Mais d’autres réseaux MLM surfent avec la légalité en vendant des formations. Ce n’est pas une arnaque en soi, mais plutôt un investissement douteux, comme celui de l’exemple plus bas.
CONTACTE-MOI ET TRAVAILLONS ENSEMBLE DÈS AUJOURD’HUI. (Ce jeune cycliste de classe sociale basse et vulgaire s’est permis de me traiter de trou du c*l, c’est lamentable.) pic.twitter.com/pEaMvRKbYY
— jpzer (@jpzer5) June 8, 2020
Sur les réseaux sociaux comme Tiktok ou Instagram prolifère un autre type d’escroquerie, qui s’adresse cette fois aux jeunes, souvent des étudiants en difficulté financière. Des entrepreneurs proposent ainsi de « changer de vie » en devenant trader en quelques heures. C’est ce que propose Melius, la société mise en lumière par J.P, le fameux entrepreneur qui clame qu’entre prendre le bus ou acheter un véhicule haut de gamme, « la question, elle est vite répondue ». Convaincus par ces discours, des jeunes sont ainsi prêts à payer des centaines d’euros pour une formation au trading sous forme d’abonnement. Bien évidemment, on ne devient pas trader en un clin d’œil, et très souvent, l’investissement n’est jamais remboursé. D’autres tentent alors de parrainer d’autres jeunes pour rembourser leur investissement, sur le modèle de J.P, mais difficilement rentable. À noter que, dans un communiqué, J.P affirme ne pas faire la promotion de ces sociétés, contrairement à ce qu’écrit Le Parisien dans une enquête.
Comment reconnaître une probable arnaque ?
De manière générale, tout rendement trop beau pour être vrai devrait vous inspirer méfiance. Gardez à l’esprit que tout rendement supérieur à 5% est par définition très risqué et donc suspect. Le livret A, par exemple, a un taux de 0,5% car c’est le placement le plus sûr, les assurances-vies sont un peu plus risquées mais peuvent rapporter 2%, les actions sont volatiles mais peuvent rapporter bien plus pour les connaisseurs. Ainsi, méfiez-vous de tout placement atypique : les meilleurs placements restent ainsi les plus simples : immobilier, PEA ou or sont des valeurs plus sûres.
Méfiez-vous également de tout démarchage agressif (appels incessant de « conseillers », spams, offre valable pendant quelques heures…). Et si une société vous a convaincu, avant de souscrire à quoi que ce soit, vérifiez qu’elle ne soit pas sur la liste noire de l’AMF. Enfin, gardez à l’esprit que faire 6, 7, 8% ou plus de rendement sans bouger le petit doigt, ça n’existe pas – ou alors si quelqu’un en a le secret, il n’ira pas en faire de la publicité…