Après une année 2020 mouvementée sur les marchés financiers, les épargnants se tournent vers les ETF, ces fonds d’investissement qui répliquent la performance d’indices ou de paniers d’actifs (actions, obligations, etc.). Simples, accessibles et diversifiés, les ETF font partie des meilleurs produits d’investissement pour constituer un patrimoine financier sain et solide. Pionnier des ETF en France, Lyxor nous donne ses éclaircissements, ses conseils et sa vision sur le futur des fonds indiciels par la voix de Jérémy Tubiana, expert dans le domaine des ETF.
JEL : Bonjour Jérémy, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, je suis Responsable de la distribution pour la clientèle française chez Lyxor ETF. J’ai rejoint le groupe il y a quatre ans et demi pour développer en France le marché des ETF en pleine expansion.
Il faut savoir qu’historiquement, les trackers [l’autre nom couramment donné aux ETF, ndlr] étaient surtout utilisés par les « boursicoteurs » et les investisseurs professionnels, ce qui leur a donné une réputation de produits complexes et risqués. Or c’est loin d’être le cas : les ETF sont davantage des produits d’épargne financières que des instruments de trading.
Lyxor a décidé de faire davantage de pédagogie à destination des investisseurs particuliers tout en développant son offre auprès de la clientèle retail. C’est dans ce contexte que je suis arrivé chez Lyxor ETF. Aujourd’hui, mon métier est d’assurer au mieux la distribution des ETF sur tous les marchés retail, du conseiller en gestion de patrimoine indépendant aux banques et courtiers en ligne, en passant par les robo-advisors [les robo-advisors sont des gérants d’actifs qui proposent une gestion sous mandat en s’appuyant sur des algorithmes, ndlr].
Pourquoi investir dans les ETF ?
JEL : Selon vous, pour quelles raisons les épargnants devraient-ils s’intéresser à l’investissement en trackers ?
Les ETF sont le gros sujet du moment, car un nombre croissant d’épargnants français prend conscience que les placements historiques rémunèrent bien moins qu’avant. Il devient de plus en plus difficile de préparer une enveloppe pour sa retraite en se reposant uniquement sur le livret A ou des fonds euros. Les épargnants sont à la recherche d’un moyen simple et peu coûteux pour investir sur les marchés financiers. Et les ETF se présentent justement comme la solution idéale : ils répliquent un indice boursier, sans surprise et sont très simples à comprendre.
De plus, on peut investir dans tout ce qui nous parle : le CAC 40 pour la France bien sûr, mais aussi des indices internationaux : indices américains comme le S&P500 ou le NASDAQ, indices japonais, indices englobant plusieurs pays tels que les trackers monde (MSCI World) et marchés émergents. Il y a aussi des ETF sectoriels qui permettent d’investir dans de l’immobilier côté, dans la santé, dans des entreprises respectueuses du climat, etc. Sans oublier que les trackers permettent aussi de diversifier efficacement les portefeuilles. Finalement, il est simple de créer et gérer un portefeuille d’ETF.
Enfin, les ETF ont des frais réduits : 0,3% contre 2% en moyenne pour les fonds actifs actions. Cela permet de démarrer l’année avec 1,7% de frais en moins par rapports à ces fonds, ce qui a du sens.
En résumé, aujourd’hui, les ETF sont de plus en plus plébiscités pour préparer son départ à la retraite, car la bourse se fait sur le long terme. Avec le récent krach de 2020, les épargnants ont compris cela, et apprennent à investir avec méthodologie, tous les mois par exemple.
Note de l’équipe de Jepargneenligne |
JEL : Les ETF sont conseillés pour quelle catégorie d’investisseur ?
Dès lors qu’on cherche à investir en bourse, les ETF sont une option pour tous. On a souvent associé un tracker à un produit dérivé, alors que c’est faux. Un ETF est un OPCVM, agréé par l’AMF et régi par la réglementation européenne qui lui impose de nombreuses contraintes.
Par ailleurs, un ETF permet de profiter de la performance des dividendes et de bénéficier d’une bonne diversification. Enfin, comme tout fonds, des profils de risques allant de 1 à 7 sont attribués à chaque ETF. Donc oui, tout type d’investisseur peut acheter tout fonds indiciel, tant qu’il est en accord avec son profil de risque.
JEL : Le profil de risque est donc une estimation du niveau de risque auquel s’expose l’investisseur. Où peut-on le trouver et comment est-il construit ?
Il est inclus dans la documentation juridique de l’ETF [celle-ci est généralement accessible depuis votre espace de courtage, ainsi que sur le site de la société de gestion, ndlr]. Pour sa construction, les sociétés de gestion utilisent des bornes de volatilité. En général, on prend l’indice, que ce soit un ETF ou un fonds en gestion active, et on constate son évolution passée ainsi que ses bornes d’évolution de volatilités. On obtient le profil de risque sur une échelle de 1 à 7 en comparant le couple rendement/volatilité.
Comment choisir ses ETF ?
JEL : Lyxor propose un grand nombre de trackers : plus de 300 ! Quels conseils pourriez-vous donner à nos lecteurs pour les aider à faire le bon choix ?
Selon moi, le point le plus important à retenir est que le meilleur ETF n’est pas forcément le moins cher. Dans l’esprit des épargnants, cette conclusion rapide est malheureusement trop souvent faite. Or, il y a deux autres éléments importants à prendre en compte : la qualité de la réplication et la liquidité du fonds indiciel.
La réplication d’un l’ETF est sa capacité à répliquer le plus fidèlement possible son indice de référence [la qualité de la réplication se mesure par le Tracking error, qui doit être le plus faible possible, ndlr]. La liquidité est le fait, pour l’ETF, de pouvoir être acheté et vendu rapidement sans que cela ait un impact majeur sur les prix. Il est important de choisir un tracker fortement liquide capable de supporter de gros achats. Là aussi il est courant de penser qu’un tracker ayant un plus gros encours sera davantage échangé qu’un tracker plus petit. Or ce n’est pas toujours vrai, il arrive qu’un ETF à faible encours bénéficie d’une meilleure liquidité ! La liquidité de l’indice est donc le plus important à regarder, et peut s’estimer en consultant la profondeur du carnet d’ordre de l’ETF. Attention néanmoins, le carnet d’ordre ne représente que 25% des flux d’un ETF.
Pour résumer, un bon ETF doit avoir la meilleure combinaison entre frais de gestion, réplication et la liquidité.
Note de l’équipe de Jepargneenligne |
JEL : Quels sont les ETF qui rencontrent le plus de succès chez Lyxor ?
Ici je ne parlerai pas des ETF investis dans un compte-titre car un certain nombre d’entre eux sont utilisés pour du boursicotage. Je mentionnerai plutôt les ETF investis dans un PEA ou une assurance-vie, dans la mesure où ils sont davantage employés pour la construction d’un patrimoine financier de long terme.
Chez nous, les fonds indiciels qui ont la côte sont ceux qui répliquent des indices simples à comprendre. En haut du podium, nous avons le CAC 40 bien sûr, mais aussi le MSCI World, le S&P500, le NASDAQ, ainsi qu’un ETF Water (eau).
L’avenir des fonds indiciels
JEL : Quelles sont les principales tendances des ETF ?
On remarque ces derniers temps beaucoup de flux dans le domaine du climat. De plus en plus d’épargnants sont soucieux de leur empreinte sur l’environnement. Ainsi, un nombre croissant d’investisseurs attachés aux enjeux climatiques se tournent vers l’investissement ESG [investissement reposant sur l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, ndlr] et climat. On parle en effet beaucoup des ETF Low Carbon, et nous avons lancé une gamme de trackers alignés sur les accords de Paris, qui répliquent des indices qui visent à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré sans dépassement ou avec un dépassement limité par rapport aux niveaux de l’ère pré-industrielle . C’est, à mon avis, le grand thème de demain.
JEL : Les cryptomonnaies comme le Bitcoin semblent devenir de plus en plus populaires. Prévoyez-vous de proposer des ETF qui suivront leur cours dans un avenir proche ?
En Europe ce type d’ETF n’existe pas, mais nous recevons beaucoup de questions à ce sujet, car il est vrai que le Bitcoin fait parler de lui en ce moment.
Précisons d’abord qu’un ETF Bitcoin ne pourra jamais voir le jour compte tenu de la réglementation en vigueur. En effet, le tracker doit être composé d’un panier de plusieurs actifs suffisamment diversifiés. Il ne peut donc pas suivre le cours d’une seule valeur. C’est pour la même raison qu’il n’existe pas d’ETF sur l’or ou le pétrole puisqu’il n’y a qu’une seule matière première [pour cela vous devez passer par d’autres instruments comme les certificats, ndlr].
Concernant les trackers qui suivraient un panier de crypto-monnaies, c’est théoriquement possible mais cela me semble compliqué à ce stade : un autre critère important pour créer un ETF est que l’actif sous-jacent doit être suffisamment liquide, ce qui n’est pas encore le cas. On regarde donc ce sujet de loin pour le moment, car le marché ne nous semble pas encore suffisamment profond, mature et réglementé.
Nous remercions chaleureusement Jérémy de nous avoir accordé cette interview. La vision et les conseils d’un expert apportent toujours un éclairage très intéressant ! Nous comprenons bien en quoi les ETF sont d’excellents produits financiers qui permettent aux épargnants non pas de jouer en bourse, mais d’investir en bourse. Ils font partie des meilleurs placements pour se constituer un patrimoine financier solide et diversifié.