Les livrets d’épargne réglementés ont le vent en poupe. En 2018, les Français ont placé 12,7 milliards d’euros de plus sur le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS).
Le placement favori des Français a attiré plus de 10 milliards d’euros de dépôts en 2018 malgré le fait que son rendement reste inférieur à l’inflation. Les livrets bancaires Le Livret A et le LDDS enregistrent pour la deuxième année consécutive une solide collecte nette. Comment expliquer ce regain d’intérêt des épargnants pour ces placements ?
Livret A : 283 milliards d’euros de dépôts en 2018
Malgré son taux historiquement bas, le Livret A a attiré 283 milliards d’euros de dépôts en 2018, selon les chiffres publiés par la Caisse des dépôts le 22 janvier. 108 milliards d’euros stationnaient sur le Livret de développement durable.
Plus précisément, la collecte nette du Livret A, c’est-à-dire le montant des nouveaux dépôts diminué des retraits effectués par les épargnants, s’établissait à 10,08 milliards d’euros en 2018. C’est presque aussi bien qu’en 2017, année où il avait réalisé sa meilleure performance depuis 2013, avec une collecte à 10,24 milliards d’euros. Précisions que sur le seul mois de décembre, traditionnellement porteur pour l’épargne grâce aux primes de fin d’année, 540 millions d’euros sont venus gonfler les encours de ce placement.
Le montant placé sur le Livret A et le LDDS a atteint un record en 2018, à 394,1 milliards d’euros, soit +4 % en un an. Cette constatation peut sembler paradoxale puisque le taux de rémunération de ces placements réglementés n’a jamais été aussi faible. En effet, il ne rapporte que 0,75 %. En 2018, 2,79 milliards d’euros ont ainsi été versés aux détenteurs de Livret A et LDDS. La hausse des prix à la consommation de 1,8 % l’an dernier n’a rien arrangé. Pour la première fois depuis 35 ans, le taux réel du Livret A est négatif impactant le pouvoir d’achat des épargnants.
Le Livret A, symbole de sécurité
En mettant de l’argent sur un Livret A, les Français perdent donc de l’argent. Alors pourquoi continuent-ils d’être attirés par ce placement ? Créé il y a 200 ans, le Livret A dispose de plusieurs atouts. Effectivement, les fonds sont garantis, disponibles à tout moment et défiscalisés, ce qui n’est pas le cas de l’assurance-vie, des actions ou encore des SICAV. Au-delà de sa facilité de création, ce produit financier se démarque par la prévisibilité de son rendement, son taux d’intérêt étant connu à l’avance.
Cet attrait pour le Livret A s’explique également par le climat particulier qui a marqué l’année 2018, avec notamment les risques de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, les incertitudes autour du Brexit, les tensions politiques en Italie, les prévisions de croissance revues à la baisse ou encore le mouvement des Gilets Jaunes.
Vers une possible évolution du taux de rémunération du Livret A
Le taux de rémunération du Livret A est gelé à un niveau historiquement bas, à 0,75 %, depuis août 2015. En 2017, le gouvernement a décidé de maintenir ce taux inchangé jusqu’au 31 décembre 2020 pour faciliter le financement du logement social. En avril 2018, il a présenté une nouvelle formule de calcul du taux de rémunération de ce placement et qui s’appliquera à partir de février 2020.
La nouvelle formule, présentée comme plus simple, est basée sur une moyenne semestrielle entre le taux d’inflation et les taux interbancaires, avec un plancher de 0,5 %. Elle ne convainc pas l’Association nationale des consommateurs et des usagers (CLCV) qui l’estime « préjudiciable pour le pouvoir d’achat des Français » et demande un retour à l’ancienne méthode de calcul qui garantissait un rendement réel positif et protégeait l’épargne populaire.
L’équation est complexe car une partie des fonds du Livret A est allouée au financement du logement social et à la politique de la ville. De fait, plus la rémunération du Livret A est importante, plus les taux d’intérêts des emprunts des bailleurs sont élevés. La CLCV précise néanmoins que la nouvelle méthode de calcul du taux de rémunération du Livret A répond davantage à la demande des établissements bancaires que des bailleurs sociaux. Le Livret A se trouve également piégé par certains enjeux macroéconomiques comme le fléchage de l’épargne vers les placements de long terme. Le débat portant sur la formule de calcul du taux de rémunération du Livret n’est donc pas prêt de s’arrêter. Et le contexte actuel des Gilets Jaunes ne risque pas de changer la donne.
L’année 2019 ne devrait pas jouer en faveur des épargnants. Le gouvernement a bâti son budget avec une projection d’inflation de 1,3 % (hors tabac). Avec un taux nominal toujours bloqué à 0,75 %, le Livret A afficherait un taux réel de -0,54 %.