Réservé aux personnes ayant des revenus modestes, le Livret d’épargne Populaire (LEP) leur permet de placer leurs économies dans des conditions plus avantageuses que les autres livrets bancaires, afin de les aider à maintenir leur pouvoir d’achat. Pourtant, malgré leur attractivité les LEP restent peu sollicités… C’est pourquoi le gouvernent souhaite que ces livrets soient mieux valorisés par les banques.
Le Livret d’épargne populaire, un produit peu développé
Alors que le célèbre Livret A est à seulement 0,75% et continue de perdre en attractivité (en avril 2018, le Ministère des Finances annonçait que son taux de rendement n’aurait plus vocation à couvrir l’inflation), sa petite sœur le LEP maintien des conditions bien plus avantageuses et un taux de rendement de 1,25%. Ce Livret d’épargne est toutefois réservé aux personnes dont les revenus ne dépassent pas 19 468€ (ou 24 665€ pour un ménage de 2 personnes), autrement dit aux foyers modestes et à une partie de la « petite » classe moyenne.
Malgré ses avantages, le succès du LEP est très mitigé : seuls 10% des 4 millions de personnes éligibles en ont ouvert un, la moitié d’entre eux ayant plus de 65 ans. Pire, l’encours total (environ 45 milliards d’euros en 2018) a baissé de près d’un tiers en 10 ans !
Une des principales raisons de cet effondrement est que le LEP ne fait par partie des produits les plus rentables pour les banques, qui sont obligés de passer du temps à régulièrement contrôler que le revenu des clients ne dépasse pas le plafond autorisé. De fait, elles naturellement peu incités à mettre en avant cette solution d’épargne, sur leur site internet par exemple ou dans le discours des conseillers bancaires. Cela se vérifie d’ailleurs chez les banques en ligne : aucune ne propose de LEP.
La banque de France appelle à assouplir le LEP
Face à ce constat, une concertation a été mené par la Banque de France, Bercy (via son organe l’OER, l’Observatoire de l’Epargne Réglementée) et des acteurs bancaires. Ils en sont venus à la conclusion qu’il est nécessaire de re-dynamiser ce livret bancaire réglementé.
Pour cela, ils appellent à réduire les contraintes bancaires pour ce type de produit. En effet, simplifier le contrôle des revenus pourrait inciter les établissements à mieux considérer le LEP. Une autre solution serait que l’administration fiscale indique sur l’avis d’impôt de chaque contribuable si celui-ci est éligible au livret populaire (comme cela se fait déjà avec le PERP ou le PERCO).
Il faut toutefois noter que la précédente réforme du LEP qui remonte à 2013, n’avait pas porté ses fruits. Pour rappel, jusqu’en 2013, pour ouvrir ou maintenir ouvert un Livret d’épargne populaire, il fallait justifier d’un montant d’impôt réglé inférieur à certains seuils revus chaque année. Cette règle de fonctionnement a été modifiée à partir du 1er janvier 2014. Alors qu’auparavant le montant de l’impôt payé faisait office de repère, le revenu fiscal de référence (RFR) détermine désormais l’éligibilité des contribuables au LEP. Le socialiste Pierre Moscovici avait alors affirmé que cette réforme devait permettre à 3,3 millions d’épargnants de devenir éligibles à ce livret. Cependant, en apportant encore plus de complexité au produit, la réforme n’a pas su relancer l’intérêt pour le LEP, au contraire. Reste à savoir si les mesures récemment annoncées par le gouvernement seront suffisantes.