Une récente étude montre que les Français sont toujours réticents à prendre des risques en matière d’investissement. Ils figurent effectivement parmi les plus gros épargnants au monde après les Allemands.
Une enquête présentée par AXA IM montre que 75 % des Français préfèrent ne rien gagner plutôt que de prendre le risque de perdre de l’argent lorsqu’ils investissent. Seuls 9 % des sondés se disent prêts à prendre des risques sur leurs placements financiers, contre 30 % en Asie. Cette approche prudente est privilégiée quelle que soit la classe d’âge considérée. Comment expliquer cette épargne record en France ?
Les Français privilégient les produits sécurisés
AXA Investment Management a étudié la façon dont les Français épargnent et investissent afin de concrétiser leurs projets. Il ressort que ces derniers cherchent à se constituer une épargne de précaution tout en ayant des enjeux de long terme comme la préparation de leur retraite. Ainsi, 30 % épargnent pour faire face aux dépenses imprévues, 29 % en vue de leur retraite et 19 % afin de transmettre un patrimoine. Toutefois, ils sont peu disposés à prendre des risques dans leurs placements pour profiter d’un meilleur rendement.
L’étude précise que cette nature prudente est constatée dans la vie quotidienne des Français. Seuls 31 % des Français âgés de 22 à 30 ans se disent prêts à prendre des risques dans leur vie. Ce chiffre diminue avec l’âge : 21 % pour les 31-39 ans et 17 % seulement pour les 40-54 ans. A long terme, la majorité des Français ne sont pas prêts à prendre des risques avec leur argent. En effet, 75 % préfèrent ne rien gagner plutôt que de risquer de perdre leur mise. Les épargnants privilégient logiquement les produits peu risqués comme le compte courant (94 %), les comptes épargne (79 %), les fonds d’assurance vie en euros (36 %). Seuls 3 % investissent dans le Bitcoin ou une autre crypto-monnaie.
Concernant les thématiques des produits d’épargne, beaucoup sont persuadés que les problématiques environnementales affecteront leur futur et sont prêts à y investir massivement. Plus précisément, 47 % souhaiteraient investir dans la technologie verte, 44 % dans la consommation durable et 31 % dans les investissements ayant un impact positif sur le changement climatique.
Une stratégie d’épargne inadaptée aux objectifs des Français
Force est de constater que la stratégie d’investissement des épargnants français est peu adaptée à leurs objectifs ambitieux. Effectivement, les placements non risqués servent des rendements insuffisants. Les Français se montrent pourtant très exigeants : 70 % des personnes interrogées souhaitent obtenir une performance annuelle de leurs placements supérieure à 5 % ; 30 % attendent plus de 10 % de rendement annualisé. L’allocation de leur portefeuille type constitue également une autre incohérence avec leurs attentes. Par exemple, l’étude indique que le portefeuille type des Français âgés de 31 à 39 ans est composé à 57 % de liquidités, 11 % d’actions, 14 % d’obligations et 18 % d’immobilier. Ils peuvent donc s’attendre au mieux à une performance annualisée de 3,23 % (à fin juillet 2018) sur 10 ans. A titre de comparaison, chez les plus de 55 ans l’allocation type contient 68 % de liquidités, 13 % d’actions, 7 % d’obligations et 12 % d’immobilier. Ces profils peuvent quant à eux, espérer un gain annuel de 2,89 % sur 10 ans.
Plusieurs solutions simples rappelées par AXA IM leur permettraient de dynamiser leur épargne. Il peut être judicieux d’investir de manière progressive et régulière sur le long terme pour éviter les accidents de marchés ou de diversifier ses supports selon l’horizon d’investissement et la nature du projet envisagée. Le manque de connaissances financières est par ailleurs l’une des principales raisons invoquées par les épargnants pour limiter leurs investissements.
Une réticence à l’égard des robo-advisors
84 % des Français préfèrent être conseillés par un expert plutôt que par un robo-advisor ou un algorithme. De même, plus de 30 % des sondés souhaitent bénéficier des conseils d’une personne de confiance pour investir. Ce besoin est plus élevé chez les seniors (44 % pour les 55 ans et plus). Seuls 13 % des Français disent souscrire à des produits financiers sur une plateforme d’investissement en ligne et 19 % envisagent de le faire à l’avenir. Bien que les outils en ligne permettent de suivre simplement l’évolution de son épargne, les Français ont très peu recours aux simulateurs de rendement ou aux logiciels d’allocation. Ces outils sont davantage utilisés par les conseillers financiers pour personnaliser leurs conseils.
Ainsi, la prudence des épargnants en matière d’investissement freine l’atteinte de leurs projets sur le long terme. Les Français se montrent prudents dès l’âge de 30 ans en privilégiant les produits peu risqués pour leur épargne. La part des actifs risqués comme les actions, reste particulièrement faible ce qui ne leur permet pas de bénéficier de rendements intéressants.